III Labyrinthe et cheval

Publié le par hendrics

III Labyrinthe et cheval

Les mythes du labyrinthe et du cheval sont souvent liés.

Au musée du Capitole, à Rome, se trouve un vase étrusque daté du 7e siècle avant JC, dit vase de Tragliatella. Sur sa frise est représenté un labyrinthe, pareil à celui de Cnossos. Mais ici le labyrinthe se trouve dans un contexte, entouré d’un cheval portant cavalier et d’une scène de viol. Le labyrinthe porte, inscrits en miroir, les lettres TRVIA.

Certains experts y voient une danse à cheval sur fond de viols rituels : le labyrinthe serait ainsi associé à des mystères éleusiens.

D’autres y voient le cheval de Troie ; le labyrinthe représenterait alors les murs de Troie lors du sac d’Ilion sur fond de barbarie soldatesque.

D’autres enfin l’interprètent comme le départ d’Ulysse depuis les murs de Troie pour l’Odyssée, redoutable  labyrinthe marin. Une ancienne tradition voulait que les marins dessinent un labyrinthe sur le sable, avant d’embarquer.

Cheval de Troie et Labyrinthe sont deux symboles du génie grec.

Platon, dans Phèdre présente l’âme humaine comme un attelage à deux chevaux, l’un patient et sage, l’autre rebelle et sauvage:  la Pensée est le cocher de cet attelage

La Caverne de Platon évoque une autre expression du labyrinthe, où l’homme erre à la recherche de sa Vérité.

 

Dans l’emblématique mystique du Moyen-âge, le cheval monté figurait Jésus-Christ, Dieu et Homme, l’animal correspondant à son humanité  et le cavalier à sa divinité.

Rhaban-Maur, archevêque de Mayence en 856, écrit que le cheval blanc de l’Apocalypse représente le Christ dont le rayonnement s’étend sur tout être sanctifié.

Equus est humanitas Christi : ut in Apocalypti, ecce equus albus id est, caro Christ omni sanctificate fulgens.

Sur la grande fresque du Triomphe du Christ dans la crypte de la cathédrale d’Auxerre, qui date du XIIe siècle, Jésus, sceptre en main, chevauche un cheval blanc au centre d’un grand décor crucifère que cantonnent quatre anges également montés sur des coursiers blancs. L’église N.D. de Brou renferme un sujet analogue.

A travers Saint Georges, c’est donc bien le Christ lui-même qui combat le dragon. Le mythe de St Georges apparaît comme l’antithèse chrétienne au mythe de Thésée, une autre réponse à la condition humaine.

Pour le génie chrétien la réponse n’est pas d’immoler le monstre, mais de le convertir, l’apprivoiser. Le Christ ne veut pas la mort du pêcheur, mais sa repentance et sa conversion.

L’âme féminine y concourt par la prière.

 

Il existe des convergences et des antagonismes entre la légende de Saint Georges et celle de Thésée : le tribut au monstre en sacrifices humains, les enfants royaux victimes, le combat victorieux contre le Dévorateur.

Certains rhéteurs chrétiens n’ont pas hésité à rapprocher Thésée, libérant le peuple grec de cet Esprit du Mal, du Christ-Jésus libérateur des âmes.

 

Mythe                                      Espace              Assistance     Conclusion      Valeur-clef                 

 

Thésée                         Clos                   Fil d’              Monstre           Connaissance

                                    Labyrinthe-         Ariane            anéanti                        Vaillance

                                   prison

Georges                      Ouvert                         Prière de          Monstre           Foi

                                    Cheval-                        la vierge           converti           Aide de Dieu

                                   liberté

 Dans l’esprit du symbole nous sommes dans une parfaite antithèse.

 

Thèse et antithèse, Voie de la Connaissance, Voie de la Foi, sont désormais clairement posées. L’Eglise médiévale tentera une synthèse sur deux plans :

-         plan architectural : les labyrinthes d’Eglise.

-         plan théologique : la Scolastique

Si le but du labyrinthe antique est d’apprendre à survivre et à s’affirmer dans un monde hostile, celui du labyrinthe chrétien est de s’acheminer vers la vie éternelle et la communion avec le Christ.

L’empereur Rodolphe II avait chargé son historiographe, Jacques Typoest, de lui expliquer le symbolisme du dédale ornant les jardins royaux de Prague ; voici la réponse:

« Les méandres du labyrinthe sont les difficultés de l’existence. Elles ne concernent pas seulement le gouvernement et les affaires publiques, mais se rapportent encore à notre vie privée, alors que Satan, autre Minotaure, cherche à nous impliquer dans la multitude des vices et plaisirs de ce monde, afin de nous dévorer. Celui qui s’y laisse prendre est vraiment dans un labyrinthe et aucune issue ne lui est ouverte, à moins qu’il n’ait un fil de Thésée et le suive comme un guide sur son chemin. Par là j’entends l’observation des lois et préceptes divins. Par ce moyen il vaincra le Minotaure et ayant abandonné les voies de l’erreur, saisira la vérité. Ainsi sortira-t-il du labyrinthe et gagnera-t-il le siège de l’éternelle liberté ».

 

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