Labyrinthe-cerveau - labyrinthe-uterus
VII Labyrinthe-cerveau, labyrinthe-utérus
Le dessin du labyrinthe ressemble à celui d’un cerveau, avec ses deux hémisphères, coupé en croix par des scissures, et ses circonvolutions en méandres.
Les mythes de Thésée et d’Icare illustrent le labyrinthe-cerveau : l’intelligence victorieuse sur un environnement hostile, les ruses de la raison triomphante.
Le test des labyrinthes de Porteus est une épreuve des plus classiques pour mesurer l’âge mental d’un enfant. Il est composé de 11 labyrinthes de complexité croissante, correspondant aux âges mentaux entre 3 et 14 ans. L’enfant doit trouver la bonne voie pour sortir du labyrinthe et la tracer du premier coup, sans ratures ni retour en arrière. La réussite au test met en œuvre la compréhension de la consigne, la coordination des yeux, de l’intention et de la main, la maîtrise des mouvements de la main, l’application réfléchie. Puis avec la difficulté croissante le jugement, l’appréciation des distances, la prévision logique et l’adaptation à la réalité.
Des mythes antérieurs fondent une autre image archétypique : le labyrinthe-utérus
Le labyrinthe souterrain de Crète illustre la naissance de l’homme. Sa forme délibérée d’utérus accueillait les rites consacrés à la terre, la Déesse-Mère, fécondée par une entité extra-terrestre, appelée Zeus ou Dieu. Le labyrinthe est la matrice où l’homme fut conçu. C’est dans le ventre de la Déesse-Mère qu’il se forma physiquement et spirituellement avant de naître au Soleil. C’est à la Terre-Mère que son corps retournera après sa mort.
Pour les Hopis, peuple amérindien, le labyrinthe ou tâpu’at est un symbole ancien et puissant. Il figure la mère et l’enfant et représente la renaissance spirituelle en tant concept fondamental de leur pensée religieuse
Une renaissance spirituelle implique un passage par la mort (ou le pays de morts, selon les religions). Ce passage symbolique est fondamental dans toute démarche initiatique.
Ce passage est sanctionné par un jugement. L’étymologie peut livrer une piste pour mieux comprendre ce qui se passe dans le Centre du labyrinthe. Le terme Labyrinthe ou laborintrus, comporte la racine latine labor qui signifie travail dans l’effort. D’où découle labrum, le sillon ouvert par le labrus, hache à double tranchant qui ornait l’entrée du labyrinthe crétois.
Cette hache servait à séparer les antagonismes que sont le Bien et le Mal, le haut et le bas, le profane et le sacré.
La notion de Jugement est fondamentale dans pratiquement toutes les religions.
Dans la mythologie égyptienne, le défunt est jugé par 42 représentants du royaume d’Osiris. Maat, la déesse de la Vérité, évalue le poids de la conscience de l’individu à l’aide d’une plume. L’âme de qui a vécu selon la vertu rejoint les dieux dans leur lutte contre Apet, le serpent du Chaos ; dans le cas contraire il sera dévoré par le monstre.
Dans la mythologie grecque, l’âme comparait devant trois juges (dont le minotaure), qui enverront les justes au paradis des Champs Elysées, et condamneront les autres aux tourments éternels.
Il n’y a pas de confusion possible entre le Bien et le Mal : le labrum tranche clairement entre les deux.
Le Nouveau Testament rénove cette conception de la Justice divine. Le péché reste condamnable pour toujours, mais le pêcheur ne saurait être réduit à ses actes mauvais et condamné à jamais. De même le Juste ne saurait se réclamer de ses œuvres pour être sauvé. Le pardon comme le Salut sont accordés en vertu de la bonté de Dieu : l’ouvrier de la onzième heure touchera le même salaire que celui qui aura peiné dix heures de plus. Dans son acceptation profonde l’enfer consiste alors dans le refus d’accueillir un amour dont l’évangéliste Jean nous dit qu’il est plus grand que notre cœur.